Les limaces au potager
Capables d’ingurgiter jusqu’à 30 ou 40 fois leur poids en une journée, les limaces sont souvent considérées comme les ennemies des jardiniers.
Les espèces préférées des limaces sont les plants de légumes particulièrement tendres et les semis, les fruits mous tels fraise et courgettes, les feuilles et des fleurs d’hosta, les dahlias, les Pieds-d’alouette et les tagètes.
Mais les limaces sont aussi très utiles et indispensables dans l’écosystème!
Elles participent notamment, de façon très significative, à préserver vos cultures de nombreuses maladies.
Les limaces participent activement à la décomposition des végétaux et donc à la création d’un compost fertile que vous pourrez utiliser dans vos futures cultures. Elles décomposent la matière organique (végétale et animale). Elles participent activement à la création d’un terreau fertile et limitent la propagation des maladies.
Ainsi on les retrouve souvent dans le compost. Ne les délogez pas, au contraire, faites tout pour qu’elles s’y sentent bien, et qu’elles n’aillent pas voir ailleurs si la salade est plus verte !
Pour stopper les escapades nocturnes des limaces, choisissez bien l’emplacement de votre compost ou mettez en place des obstacles pour y cloîtrer les limaces.
D’ailleurs avant d’utiliser les fameux granulés bleus, il est plus judicieux de comprendre comment les limaces fonctionnent.
Les limaces sont essentiellement nocturnes ou actives par temps très humide. Le jour, elles s’enterrent ou se cachent dans des endroits humides et ombragés. Le taux de survie des œufs et des jeunes limaces est favorisé par un hiver doux. Les hivers secs et froids leur sont plus défavorables : les températures négatives sont mortelles pour les limaces qui ne se seraient pas protégées en s’enterrant dans le sol, et leur activité est très limitée en dessous de 5 °C. Les limaces se nourrissent, suivant les espèces, de végétaux tendres, fruits, mousses, champignons, cadavres de petits animaux et constituent ainsi les premiers maillons de la chaîne de décomposition de la matière organique.
Elles participent de cette manière au maintien de la biodiversité. Elles constituent également une source de nourriture pour d’autres espèces, en particulier les oiseaux (merles, grives…), certains mammifères comme les taupes, les hérissons, les musaraignes, les rats… ou les grenouilles et crapauds.
Leur multiplication intempestive est parfois le signe d’un déséquilibre, dû à la disparition de leurs prédateurs.
Tout jardinier amateur a pu le constater ces dernières années, les limaces sont de plus en plus nombreuses. Et c’est d’ailleurs peut-être en partie à cause de l’utilisation de granulés bleus.
Que sont les granulés bleus anti-limaces ?
Les granulés anti-limaces sont généralement de couleur bleue, raison pour laquelle beaucoup de personnes parlent plutôt de « granulés bleus ». Les granulés anti-limaces contiennent deux composants essentiels : un agent chimique toxique pour les limaces et des substances nutritives qui les attirent.
Les limaces se laissent tenter par les aliments contenus dans les granulés et absorbent ainsi le poison. Mais d’autres animaux peuvent être également attirés par ces substances nutritives. En outre, le poison contenu dans la plupart des granulés anti-limaces est également dangereux pour l’homme et les animaux, notamment lorsqu’il s’agit de métaldéhyde ou de méthiocarbe.
Ces substances chimiques hautement toxiques peuvent causer de grave intoxication aux animaux domestiques et à la santé humaine, en particulier pour des enfants, pouvant être mortelles même à faible dose.
En effet, les granulés à base de métaldéhyde sont très toxiques pour les limaces, mais aussi pour tous les animaux présents dans votre jardin (oiseaux, grenouilles et hérissons, amateurs de limaces, mais également chiens et chats domestiques).
D’ailleurs, sachez que même à petites doses, les granulés à base de métaldéhyde ou de méthiocarbe peuvent être toxiques pour les animaux domestiques comme les chats et les chiens. C’est pourquoi l’ajout d’un répulsif dans les granulés est obligatoire, le goût amer de ce répulsif n’étant pas apprécié des mammifères. Cependant, les granulés anti-limaces sont encore à l’origine de nombreux accidents, certains animaux sont parfois si gourmands qu’ils avalent beaucoup de granulés avant de remarquer le goût du répulsif.
Ces produits chimiques tuent de manière non sélective, sans faire de distinction les animaux favorables aux jardins et les animaux domestiques. Les animaux domestiques, comme les chats ou les chiens, peuvent facilement être empoisonnés si les animaux se lèchent les pattes après avoir été en contact avec les toxines contenues dans les granulés anti-limaces. Les cabinets vétérinaires rapportent un nombre élevé d’intoxications spécialement chez les chiots chaque année.
Mais, ces poisons mal connus des jardiniers amateurs sont parfois utilisés simplement et répandus dans le jardin.
Cela crée deux problèmes majeurs.
D’une part, les granulés antilimaces peuvent tout simplement être délavés par la pluie ou l’arrosage du jardin. Lorsqu’ils sont en contact avec l’eau, ils se dissolvent. Et n’ont alors aucun effet, sur les limaces. En revanche, ils s’infiltrent dans les sols. Par conséquent, les cultures qui puisent leur eau dans le sol contaminé peuvent devenir impropres à la consommation.
Il y a quelques années, l’usage d’anti-limaces à base de métaldéhyde, conjugué à une météorologie pluvieuse s’est traduit par des concentrations anormalement élevées de cette molécule dans la plupart des cours d’eau de la région, y compris la Loire.
Les usines de production d’eau potable sont dotées d’équipements destinés à retenir les molécules de type phytosanitaire. Toutefois ce produit utilisé comme anti limace, a la particularité d’être très soluble dans l’eau et de n’être retenu que très partiellement au niveau des usines de traitement d’eau potable. C’est ce qui explique que des dépassements de la valeur limite réglementaire fixée à 0,1μg/l (0,1 millième de milligramme par litre d’eau) aient été observés en 2012 et 2013 pendant des durées allant de quelques jours à près de 2 mois.
Ces dépassements ont touché l’eau d’alimentation de 1,3 million de personnes en 2012 et de plus de 900 000 en 2013 dans la région.
Bref, l’usage de produits toxiques est à bannir, afin de ne pas dégrader la qualité de l’eau potable.
De plus, c’est un problème sans fin. Plus vous mettez de granulés dans votre jardin, plus vous tuez les animaux qui mangent les limaces ! Et donc, le problème est continuel.
Les granulés anti-limaces constituent un danger pour la santé et un polluant pour l’environnement, que l’on peut éviter, en privilégiant des méthodes alternatives au jardin.
Favoriser la présence de prédateurs naturels de ces ravageurs :
Les auxiliaires naturels
Le plus important reste de favoriser la présence des prédateurs naturels des limaces tels que hérissons, carabes, crapauds, grenouilles, oiseaux… Pour cela, il est important de laisser des zones sauvages dans votre jardin ou votre cour, à la fois lieux de refuge pour ces précieux prédateurs et garde-manger des limaces qui espaceront ainsi leur présence au potager. Ces zones seront également intéressantes pour lutter contre les autres ravageurs tels que pucerons, nématodes, mouche de la carotte, mouche des terreaux, altise… car la limace n’est pas seule à être friande de nos légumes.
Ils dévorent les limaces adultes : musaraignes — oiseaux (grives, merles, étourneaux, pies, sittelles, corneilles) — hérissons — taupes — crapauds, grenouilles, tritons — vers luisants — serpents, orvets.
Ils raffolent des œufs et des bébés limaces : staphylins – carabes – vers luisants — microguêpes – araignées – escargots
Ces auxiliaires du jardinier en sont très friands ; aménagez-leur des abris (nichoirs…) ou réservez-leur un espace dans votre jardin (haie, tas de bois et brindilles…)
Comment faire pour inviter les auxiliaires dans votre jardin?
hérissons = tas de feuilles et de bois morts, haies
musaraignes = tas de feuilles et de bois morts, haies
taupes = sols des forêts, champs et prairies
oiseaux = haies, bosquets d’arbres fruitiers
escargots = haies, herbes hautes
serpents = orvets murs de pierres sèches, tas de pierres
crapauds = grenouilles, tritons mares, tas de feuilles et de bois, herbes hautes
insectes et araignées = murs de pierre sèche, vieux bois, paillis, « coins sauvages », compost
Voici quelques astuces pour éviter que votre jardin ne soit un paradis à limaces, et pour cohabiter en toute sérénité avec ces mollusques gluants et rampants.
Binez en été, afin de faire remonter les œufs en surface pour qu’ils se dessèchent ou qu’ils soient consommés par des prédateurs.
Pour les sols battants, le binage superficiel gêne la progression des limaces.
Par temps humide et doux, poser des pièges (planches, tuiles retournées…) où les limaces vont se réfugier la nuit, puis les éliminer.
Étalez sur le sol autour des plantations des sciures de bois, cendres, coquilles d’œuf, paillettes de lin, fougères… dont les textures gênent le déplacement des limaces.
N’arroser que le matin, uniquement aux pieds de plantes, en grande quantité en une seule fois.
Éclaircir les zones touffues pour faire parvenir de la lumière sur le sol entre les plantes.
Ramasser les limaces, quelques astuces
Le ramassage manuel est très efficace. Dès la rosée du soir par temps humide, car elles sortent en grand nombre, vous pourrez ainsi capturer une bonne partie des adultes. Munissez-vous d’une lampe torche, d’un seau pour collecter votre butin, et partez à leur cueillette.
Vous pouvez également utiliser une pince pour manipuler les limaces.
Que faire des limaces récoltées?
Les relâcher dans une forêt ou un fossé à plusieurs km de chez vous (une limace peut parcourir jusqu’à 7 m en une nuit). Les relâcher sur votre tas de compost, isolé du reste de votre jardin bien entendu. Les données en pâture à vos poules, canards, ou hérissons.
Pièges et appâts à limaces :
Installez des pièges avec des planches en bois, des morceaux de cartons ou des appâts tels que le son, le malt ou la peau de demi-agrumes.
Vous les placerez autour du potager (2 par m² au maximum). Visitez vos pièges le plus souvent possibles (le soir ou tôt le matin) pour les débarrasser de leurs limaces.
Installer des plantes répulsives :
Globalement les limaces n’aiment pas les plantes très odorantes :
Au potager : ail, asperge, ciboulette, cresson, endive, lavande, mâche, oignon, poireau, pois, romarin, thym, tomate…
Pour les plantes « sauvages » : ancolie, coquelicot, œillet, mauve, saponaire, vipérine… Une bonne astuce consiste donc à disposer ces plantes autour des espèces plus fragiles. Installer ces plantes répulsives en bordure du potager. Elles écartent les limaces et autres ravageurs des cultures.
Planter des rangées d’oignons dont l’odeur perturbe les limaces dans leur repérage.
Adopter un canard « Coureur indien », grand amateur de limaces.
Le canard coureur indien, à l’allure de pingouin mal réveillé, est un allié redoutable ! À la différence des poules, il ne fait pas de dégâts, ne gratte pas le sol et ne s’attaque pas aux plantations. De plus, sa légèreté, sa petite taille et ses pattes bien écartées limitent les éventuels dégâts dans les cultures. Pour les accueillir dans votre jardin, prévoyez d’en adopter plusieurs (ils apprécient la compagnie), un petit point d’eau, une clôture basse d’environ 50 cm (ils ne volent pas) et un abri pour la nuit (pour les protéger des prédateurs). Et cerise sur le gâteau, ce sont de bons pondeurs !
Les poules sont de grandes mangeuses de limaces, et notamment de leurs œufs.
Attention cependant, elles risquent de grignoter au passage vos légumes et retourner la terre. Mieux vaut donc les laisser sortir à l’automne, lorsque le jardin présente peu de cultures, pour manger les pontes de limaces.
Installer des barrières de protection
Des bandes de protection d’environ 50 cm de large recouverte de matériaux absorbants, tranchants ou coupants : sciure de bois, cendre (moins efficace, car disparaît à chaque pluie), coquilles d’œuf, aiguilles de pin, sable, gravier ou bogue de châtaigne.
On peut aussi déployer des paillages anti-limaces :
La sciure de bois, la fougère ou feuilles de chêne émiettée irrite les limaces qui s’y aventurent, et les invitent ainsi à éviter les zones paillées.
Installer une petite rigole ou cours d’eau à traverser ; les limaces ne savent pas nager.
Paillage, ou non ?
Certes le paillage permet de réduire l’arrosage, d’apporter de la matière organique au sol et de limiter la pousse des herbes indésirables, mais c’est également un formidable abri à limaces.
En cas d’invasion de limaces, préférez un paillage en fine couche avec des matériaux que les limaces n’aiment pas : fougères, aguis d’épicéa ou de pins (attention à l’acidité, mais idéal pour les fraisiers), branches de tomates, soucis…
En cas d’énorme invasion de limaces et de perte trop importante, songez aux purins
Le purin de rhubarbe très bon répulsif contre les limaces
Pour réaliser un purin de rhubarbe :
Placez 500 grammes de feuilles fraîches de rhubarbe dans 5 litres d’eau qu’on laisse macérer 5 jours. Diluez ensuite dans 5 volumes d’eau. On obtient un purin répulsif et malodorant que l’on peut arroser autour des plantes attaquées par les limaces.
Le purin de fougère pour éloigner les limaces
Souvent moins connu que le purin d’ortie ou de consoude, le purin de fougère a pourtant de nombreuses vertus au jardin! Le purin de fougère a des propriétés à la fois répulsives (en préventif) et insecticides (en curatif) contre les pucerons (noirs, verts, lanière du pommier), la cicadelle de la vigne, la cochenille à bouclier. C’est aussi un allié contre les limaces.
Pour réaliser un purin de fougère :
Laissez macérer 500 g de fougères dans 500 ml d’eau pendant 2 semaines en remuant tous les jours puis utilisez à hauteur de 10 % en pulvérisation !
Le purin de limaces constitue également une alternative facile à faire.
Les limaces vont fuir à cause des odeurs de mort que ce purin dégage.
Pour réaliser un purin de limaces :
Récoltez une cinquantaine de limaces dans un seau, ébouillantez-les à l’aide de 2 l d’eau chaude et ajoutez de l’eau froide pour remplir le seau. Laissez macérer 15 jours puis filtrez. Arrosez au goulot sur la terre, et surtout pas sur la plante, lors d’une période sèche. Renouvelez après la pluie.
Les purins sont à utiliser en derniers recours.
Attention cependant de ne pas en abuser, afin d’éviter de saturer la terre.
Même s’ils sont moins dangereux, les produits à base de phosphate de fer restent des pesticides.
L’absence de risque sur les prédateurs de limaces n’est pas certaine. De plus, ces produits vont détruire les limaces, et donc également leurs prédateurs potentiels (en supprimant leur nourriture) ; à chaque invasion de limaces, vous serez obligé d’acheter de nouveau des pesticides.
Il y en a tant qu’il est quasiment impossible d’en être maître par une élimination manuelle. Il est certes utile de mettre en place certaines actions pratiques et respectueuses de l’environnement afin de réduire l’invasion : par exemple, rendez votre jardin attractif pour les prédateurs naturels des limaces que sont les hérissons, les amphibiens et les oiseaux.
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