pour être à la page ce qu'un pollen d'étoiles est au ciel une vendange d'or que la nuit soulève et que le jour disperse
Dans le jardin des mots
verrouillé de sourires fragiles
trébuche une phrase malencontreuse
du gravier sur la langue
et voilà tu t’en vas
une corneille pose sa lanterne noire
sur les volutes du portail
signal d’alarme
attends encore un peu
que la pluie vienne
et apaise ce jardin
dans l’obscur
oratoire des herbes
où tu t’éloignes
la main indigo
de la nuit
douce et barbare
allume un instant
le regard suspendu
du renard
la lisière de la page bleutée
le bord des mots d’où l’on s’absente
tout devient rivière d’oiseaux
tout devient ruisseau d’ailes
l’histoire s’ébouriffe
les lettres font le gros dos
et la phrase lâche prise
le ciel est plumeux de paroles en l’air
une poignée de grains noirs jetée
pour être à la page
ce qu’un semis de mots est au silence
une floraison
pour être à la page
ce qu’une pluie soudaine est au sable
une vague nouvelle pleine et déliée
pour être à la page
ce qu’un chuchotement de pas est au seuil
une attente qui se nomme
pour être à la page
ce qu’un pollen d’étoiles est au ciel
une vendange d’or
que la nuit soulève et que le jour disperse
Extrait de Partage des jardins secrets
Chloé ROLLAND
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